Chapitre XVII : Préludes au carnage
Le grondement sourd de milliers de chenilles était audible sur des kilomètres à la ronde. Un immense contingent motorisé soutenu par des colonnes de blindés leman russ traversait à toute vitesse les vastes de plaines de Saar’kel en direction de la zone d’atterrissage des troupes chaotiques. Cette dernière avait été rapidement fortifiée par les troupes chaotiques qui n’avaient pas hésité à sacrifier des milliers d’esclaves dans l’accomplissement de cette tâche. Un solide réseau de tranchées constituait la première ligne de défense, et des bunkers de fortunes s’élevaient ça et là de la fange. Les bannières chaotiques claquaient au vent, ornées de runes qui déformaient la réalité. Des plaintes lugubres d’âmes sacrifiées emplissaient l’air autours des charniers et des fosses où on avait entassé ceux qui n’avaient pas survécus aux rigueurs du climats et à la sauvagerie des cruels contremaîtres.
Des
compagnies de soldats se mettaient en branle au pied de l’immense
léviathan de commandement : Gardes renégats aux
uniformes maculés de sang et de crasse, dont le souffle rauque
faisait penser à des bêtes fauves, féroces
mutants amenés en première ligne par le claquement des
fouets barbelés et enfin, au milieu de ce tumulte hurlant,
circulaient les spaces-marines en armure écarlate de l’Inferno
Legion. Des tonnes de matériel lourd avaient déjà
été débarquées et les gueules hérissées
de piques des nombreuses pièces d’artillerie chaotiques se
pointaient une à une sur la plaine…
Le 13ème Sudérien avait placé ses blindés en réserve et un imposant groupe de Defilers avait été placé sur un flanc pour lancer une contre attaque dévastatrice. Les machines démoniaques avaient été solidement enchaînées tant leur soif de sang les rendaient incontrôlables. Leur fureur ainsi brimée pourrait ensuite être canalisée sur tout ennemi assez inconscient pour approcher. De temps à autre, un des monstres de métal libérait une de ses griffes et fauchait un des groupes d’esclaves chargés de la surveillance.
" Transmettez leurs ordres aux différents chefs de guerres et tenez vous prêts à les relayer aux renforts qui sont en route. Me suis-je bien fait comprendre ? "
La
voix de Garkhan dominait sans peine le vacarme au pied du léviathan
et les hurlements du vent. Son regard se portait sur les divisions
ennemies qui n’allaient plus tarder à ouvrir les hostilités.
Dans son dos, les messagers chaotiques et les officiers de
transmissions se perdirent en paroles mielleuse avant de descendre
dans les entrailles de l’immense engin de guerre. Le seigneur
chaotique se tourna ensuite vers ses principaux lieutenants et fixa
Scythe du regard :
" Tout dépend de l’ampleur des sacrifices, Seigneur Garkhan. Toutefois, les serviteurs du Dieux du carnage risquent fort d’être attirés par l’odeur du sang et de la destruction comme des papillons de nuit devant une flamme. Sinon, nous pouvons faire appel à un très vieil allié. Doit-on préparer le réveil de Khorgorot ? "
"
Non, pas encore. Il est bien
trop instable et je ne veux pas risquer de le voir se retourner
contre nous. Mais si les choses tournent mal, fait le nécessaire
pour que sa fureur soit libérée sur le champ de
bataille. "
Urial
Scythe se courba avec déférence :
"
Bien Seigneur. Il sera fait
selon vos ordres."
Garkhan
interpella ensuite Gore BloodHammer, qui se tenait immobile et
silencieux au milieux de ses guerriers :
"
Quelles nouvelles de Kergan
et de Khoron ? "
" Kergan a lancé l’assaut à l’aube sur le troisième plus gros centre de population de la planète et il monopolise les efforts de plusieurs groupes de combat ennemis. Mais des unités se sont désengagées et foncent sur notre position. Cela a permis aux berzerks de Khorne de s’enfoncer très loin dans le dédale de tunnels de la cité ruche. "
"
Parfait ! Et pour la
troisième compagnie ?
" Khoron et ses hommes ont investi de nombreux quartiers de la capitale et ils ont plusieurs fois repoussé les tentatives de sortie ennemies. Il rencontre toutefois des difficultés dans les niveaux supérieurs dont les défenses semblent mieux préparées. Il paraît que les forces rencontrées font preuves d’un acharnement agaçant et il semblerait qu’un leader très influent soit la cause de cette opposition. "
" Et bien je m’en occuperai moi-même une fois la plaine nettoyée de toute présence ennemie. Toi et tes rapaces, reprenez votre place dans la ligne de bataille et attendez l’ordre de contre attaque pour disperser toute poche de résistance. "
"
A vos ordres …"
Jetant un dernier regard aux forces ennemies qui manoeuvraient une dernière fois, Garkhan attendit que les hurlements de joie des rapaces se soient perdus dans le vent avant de rejoindre son escorte de terminators. Hartrobaal s’avança et baissa brièvement la tête tout en prenant la parole :
"
Nous sommes prêts à
nous battre, maître.
"
" Non ! Tu resteras sur le léviathan pour le défendre en cas de coup tordu de la part de l’ennemi, Hartrobaal. "
En
voyant la déception sur le visage de son garde du corps, il
ajouta :
" Votre heure de gloire viendra, soyez en sûrs. Mais aujourd’hui, vous resterez en réserve. Est-ce clair ? "
" Très clair, maître… "
Avec une once d’amertume sur son visage, l’imposant guerrier s’inclina une dernière fois avant de quitter le pont de commandement, suivi par les autres terminators.
" Vous autres, équipez moi ! "
Cette injonction brutale fit s’agiter une douzaine d’êtres autours du champion chaotique. Certains commencèrent à fixer un bracelet incorporant des bolters jumelés au bras gauche du space-marines chaotiques tandis que d’autres, supervisés par des technoprêtres enveloppés dans de grandes robes noires, détachaient le paquetage dorsal de l’armure pour le remplacer par des réacteurs dorsaux déformés par le warp. Enfin, le gantelet gauche de son armure fut remplacé par un autre, plus massif, incorporant une griffe éclair. Plusieurs minutes furent nécessaires aux serviteurs pour accomplir leur besogne, et c’est avec soulagement qu’ils reculèrent pour laisser le champ libre à leur seigneur.
Se
préparant pour le combat, Garkhan agrippa sa nouvelle hache et
fit quelques moulinets dans l’air froid pour dégourdir ses
muscles. Son armure l’informa que ses réacteurs étaient
opérationnels, ce qui allait lui permettre de parcourir à
sa guise le champ de bataille et aller là où sa
présence serait nécessaire. Pour finir, il vérifia
et arma les bolters fixés à son poignet. Plus petits
que la normale, ils étaient inspirés de l´armement
et des méthodes de combats du pire ennemi des légions
chaotiques : Les chevaliers gris mandatés par cette maudite
inquisition.
Garkhan
n’avait eut affaire à eux qu’une fois au cours de sa
longue existence, et il n’aurait pour rien au monde souhaité
revivre une telle expérience. Ces guerriers légendaires
étaient les seuls à avoir gagné son respect
parmi la myriade d’ennemi qu’il avait affrontée. Les
primitifs orks n’étaient qu’une vermine grouillante qu’on
écrasait aisément. Quant aux rejetons de l’Astartes,
c’était à peine s’ils étaient capables de
lui offrir un beau combat. Mais les chevaliers gris, eux, avaient
fait preuve d’une ténacité, d’une fureur et d’une
habileté au combat qui dépassait de loin tout ce qu’il
avait vu en plusieurs millénaires de guerre. Ce jour là,
il avait échappé de peu à la fausse justice de
l’Empereur et à la lame de leur chef : le grand maître
Eraziel. Ce dernier avait triomphé de tous ses ennemis et
contraint Garkhan à une prudente retraite, l’empêchant
ainsi d’achever sa conquête d’un monde cardinal du
Segmentum Pacificus. Il avait appris plus tard qu´Eraziel avait
juré sa perte et qu’il le traquerait jusqu’à son
dernier souffle. Toutefois, Garkhan n’avait plus eu de
renseignements sur les déplacements de son ennemi depuis des
années et il en avait déduit qu’il était soit
mort au combat, soit qu’il avait dû renoncer à sa
petite guerre personnelle.
Chassant
ses sombres souvenirs, le seigneur Chaotique congédia ses
serviteurs et toisa les forces de son adversaire actuel. La rage
guerrière qui emplissait peu à peu son corps le
transcendait, provoquant chez lui un frisson d’extase. Le calme
avant la tempête. L’excitation et les instincts primitifs qui
gagnaient progressivement sa conscience le plongèrent dans une
joie sauvage. C’étaient ces sensations qui rendaient la voix
de Khorne si attirante, qui enflammaient le cœur des guerriers et
les poussaient à toujours plus de tueries pour affirmer leur
supériorité. Garkhan ferma les yeux et prit une
profonde inspiration, savourant les parfums hétéroclites
du sang et de la corruption, de la sueur et de l’essence. Lorsqu’il
les rouvrit, l’ennemi s’était enfin décidé à
franchir les derniers kilomètres qui allaient les plonger dans
tourmente :
" Bien ! Que la bataille commence… "